DES LIEUX DE DIGRESSION / 3
Commissariat de Marion Delage de Luget

Avec Loïc Blairon / Anne de Nanteuil / Benoît Géhanne / Jean-François Leroy / Maude Maris / Sophie Nicol / Florence Reymond

7 mai - 24 mai 2015

Un acte de langage, son inscription comme texte procèdent toujours d’une mise en espace parfaitement
régulée : il faut respecter scrupuleusement la succession comme les écarts constitutifs entre chaque composant
pour dérouler correctement le propos. La « bonne formulation » réclame cette « bonne forme » qui est
toujours question d’espacements — ceux-là, indispensables, qui structurent l’assemblage en un tout cohérent,
qui le composent pourrait-on dire afi n de souligner le parallèle entre le champ de la littérature et celui des arts
plastiques. Car qu’il s’agisse des respirations rythmant la phrase, des blancs typographiques ou de ces autres
vides, ces autres fonds desquels la forme se détache, et encore de ces marges, distances plus ou moins
prononcées que l’on ménage à l’accrochage, c’est égal : tout ce que l’on informe s’articule grâce à ce même
principe d’intervalles conjonctifs qui rendent distincts les différents éléments tout en en garantissant du même
coup l’ordre, et la liaison. Mais voilà, ces césures servent si bien l’enchaînement que parfois on les en oublie.
L’habitude aidant, la convention devient convenance. Acquise, tacite. En bref, suffi samment implicite pour que
l’on se prenne à négliger son caractère coercitif — la façon dont elle conditionne l’intelligibilité, mais surtout
détermine la teneur même de l’ensemble qu’elle façonne. D’où l’importance de cette notion de digression qui
par essence ajourne, déborde, diverge, interfère, autrement dit se joue de tout modèle de spatialisation. Et
incite par là à reconsidérer ces espacements dont dépend la conception même de l’oeuvre.
Initialement proposée dans l’atelier de Loïc Blairon (juin 2014, Cité Internationale des Arts), Des lieux de digression
se décline en deux nouveaux volets : à Progress Gallery (Paris 11ème), du 23 avril au 21 mai 2015,
ainsi qu’aux Salaisons (Romainville), du 7 au 24 mai 2015.

En proposant ces variations, ces reformulations de la problématique initiale, l’exposition elle-même adopte une
forme discursive : celle du délai et de l’écart. Car d’un accrochage aux suivants, d’un lieu à l’autre autant d’embardées
possibles — de correspondances, aussi et peut-être surtout de déviations. Ce choix d’un commissariat
scindé en deux propositions, synchrones mais radicalement distinctes, entérine une volonté de s’affranchir
de toute linéarité : Des lieux de digression investit d’un côté, à Progress Gallery, un white cube — espace qui
prétend au maximum de clarté et de transparence, construit pour isoler l’oeuvre —, ce cube blanc qui sur-détermine
tout ce qu’il accueille, et de l’autre, aux Salaisons, une friche industrielle, exact opposé de ces impératifs
de dépouillement et de lisibilité auxquels la mise en scène blanche contraint communément les oeuvres.

Marion Delage de Luget

  
Les salaisons
25, avenue du Président Wilson 93230 Romainville
M° Mairie des Lilas - Infos www.salaisons.org - Entrée Libre
Direction Laurent Quénéhen - laurentquenehen@yahoo.fr - 06 65 06 88 87

Ouvert les samedis et dimanches de 15h à 19h
Et sur rendez-vous en téléphonant au 06 65 06 88 87

Entrée libre