LE DROIT DU PLUS FORT - Du 3 au 25 Avril 2010
Avec Maike Freess, Y Liver, Rachel Labastie, Alberto Sorbelli (performance ci-dessous, images de Julie Pettex-Sabarot)

Création de Chanson d’amour par Alberto Sorbelli le 24 avril

LE DROIT DU PLUS FORT est une exposition qui questionne les images et l’argent, les modèles et les icônes.
Le titre de l’exposition reprend le titre d’un film de Rainer Werner Fassbinder dans lequel le réalisateur joue le personnage principal, celui d’un jeune homosexuel prolétaire qui gagne au loto et se fait manipuler par des bourgeois en faillite.
Rainer Werner Fassbinder évoque l’exploitation par la classe dominante où aucun mélange n’est possible. De l’Allemagne des années 70 à la France de 2010, peu de choses ont évolué, si ce n’est les apparences.
Là où l’opposition se faisait frontalement, elle est maintenant digérée, assimilée. La déviance est absorbée par la culture, utilisée comme un produit de luxe. La bourgeoisie des années 70 se parfumait au patchouli, les bobos d’aujourd’hui se parfument en banlieue.
Les journaux télévisés imaginent des caricatures et créent la violence ou l’inculture pour occuper l’opinion et divertir dans les foyers. La lutte des classes a disparu, mais les pauvres n’ont pas disparu, ils sont devenus l’exotisme des nantis.
Les quatre artistes qui participent à cette exposition ont en commun une rébellion face à la pensée collective, de celle qui rend pathologique tout ce qui ne lui est pas totalement soumis.
Ce sont des résistances intimes qui sont affirmées dans cette exposition. Une forme de dandysme où la provocation, la confrontation et l’ironie sont des appâts qui révèlent celui qui les regarde.

Maike Freess travaille différents médiums dans un système multiple. Ses dessins, ses sculptures, ses films sont toujours réversibles et démultipliés, ce sont des loups aux yeux d’anges.
L’érotisme est violent et d’une grande douceur, les monstres sont des sages et les honnêtes gens des personnes peu fréquentables.
Les pulsions de l’être humain, ses désirs les plus profonds, les plus inavouables sont là, avec tendresse. Elle trace l’impudeur de la conscience.

Y Liver provoque la confrontation avec le visiteur. La notion de judaïcité est parfois présente dans ce travail, mais elle pourrait tout à fait ne pas l’être. Le propos n’est pas là.
Ce qui est argumenté, c’est le positionnement individuel à contre-courant d’une pensée prête à l’emploi ; c’est une assertion critique contre la pensée facile, pré-pensée par la communauté.

Rachel Labastie passe également derrière les apparences et montre le décor fragile qui soutient les icônes spirituelles et formelles, les logos en tout genre.
Ses œuvres ont une configuration magique, elles sont physiquement très présentes et presque en apesanteur.
C’est une douce violence, une adéquation qui révèle l’art et la manière de faire avaler les couleuvres à l’homme de la rue.
Une forme de beauté monstrueuse où derrière l’aspect séducteur peut se cacher la domination la plus totale.

Alberto Sorbelli s'est fait connaître en se promenant en prostituée dans les vernissages et les musées et s’est fait agresser à Paris, New York, Venise.
Il provoque des réactions de violence ou d’enthousiasme, défie l’ambiguïté derrière les politesses et pointe la faiblesse du goût.